Le Discours est à l’origine un roman écrit par Fabrice Caro, dessinateur et scénariste de bandes dessinées montpelliérain (Zaï Zaï Zaï Zaï, c’était lui). De Molière au Petit Nicolas, Laurent Tirard s’est fait spécialiste des adaptations littéraires et se trouve, sans surprise, aux commandes de ce long-métrage moins léger qu’il n’en a l’air.
Qui de mieux, dans ce cas, pour interpréter cette adaptation cinématographique qu’un grand maître des planches de la Comédie Française (l’Institution, pas le genre) de plus en plus présent sur grand écran depuis deux ans et surtout depuis Radiostars, à savoir Benjamin Lavernhe ? Même les personnages antipathiques, névrosés, il leur donne un naturel, une vérité qui les rend attachants.
Découvert en Scapin sur la scène du Français, retrouvé en Pierre fiancé un brin tyrannique et psychorigide du Sens de la fête, il campe dans Le Discours son premier premier rôle et tient le film à lui tout seul. Omniprésent, il incarne un quadragénaire un peu paumé à qui la compagne a imposé « une pause » depuis plus de cinq semaines, 38 jours exactement. Durant ce laps de temps, il est resté sans nouvelles de Sonia, censée revenir vers lui quand elle « saura »…
Alors que ce soir là, il doit dîner en famille, Adrien se décide à envoyer un SMS à la jeune femme. Il est 17h24. Dès cet instant, le personnage circulera entre plusieurs réalités : celle du repas de famille, ennuyeux et répétitif, et celles qui se déroulent dans sa tête mais sous nos yeux, où ses rapports aux autres sont plus faciles, où il est ouvert, capable de communiquer, de s’exprimer. Dire à son père qu’il radote, à sa soeur qu’on n’aime pas ses cadeaux, à la femme qu’on aime, qu’on l’aime… Cela parait simple à chacun mais la chose est bien plus difficile pour cet observateur introverti.
Tout commence vraiment quand, au cours de ce repas, son futur beau-frère lui demande de prononcer un discours lors de la cérémonie de mariage.
Comment refuser ?
Comment échapper à la corvée ?
Comment se montrer à la hauteur ?
Tout se bouscule dans la tête d’Adrien alors qu’on attend de lui une réponse qui ne vient pas. Il est obsédé par ce silence. Quel est donc le délai acceptable pour répondre une fois un SMS lu ? 5 minutes ? Une heure ? Faut-il poser une question ouverte ou fermée ?
Les problèmes de communication malgré les performances des moyens dont nous diposons sont au coeur de ce métrage fantaisiste. L’enjeu, au-delà de ce simple discours, est l’acceptation de soi, l’ouverture à l’autre afin de le laisser entrer dans notre intimité et ainsi, être reçu avec bienveillance dans la sienne. Être et reser soi sans tenir l’autre à distance. Arrêter enfin de se demander ce qu’il se serait passé si on avait eu len courage d’être, de faire telle ou telle chose, à tel moment en dehors de nos fantasmes… En bref, si l’on commençait à faire au lieu de dire et dire au lieu de penser.
Après de nombreux seconds rôles marquants autant que variés, Benjamin Lavernhe est donc pour la première fois en tête d’affiche. Gageons et souhaitons que ce ne sera pas la dernière.
Muriel Cinque
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Merci pour cette excellente critique qui donne envie. Dur de gérer la frustration du coup !
Lavernhe en pote fou de François Civil reste un grand souvenir.
L’attente va être longue…
Merci encore Mademoiselle
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Seule la rédactrice l’a vu parmi l’équipe, donc nous sommes aussi frustrés ! En attendant impatiemment la réouveture des salles…
Muriel vous remercie pour ce retour.
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J’ai vu Lavernhe en Scapin la semaine dernière et j’ai été bluffé. Il est fabuleux sur scène.
J’ai lu le texte de cette adaptation et si vous n’eclatez pas de rire dès la première scène, on ne peut rien pour vous.
Merci pour cet avant goût alléchant, en espérant que le repas soit au niveau.
Par contre je ne trouve pas votre présentation avec les autres. C’est volontaire ?
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Votre enthousiasme pour Lavernhe fait plaisir ! On attend encore de savoir si la réouverture des salles sera effective, que le public puisse le découvrir. Merci pour le compliment sur le texte et oui, c’est normal pour la présentation.
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Grâce à vous j’ai passé un excellent moment.
Ça fait du bien de retrouver les salles avec un film si bien écrit.
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Benjamin César du meilleur acteur cette année. Indubitablement !
Comme le précise la critique, c’est le pilier du film qui sans lui n’existerait pas.
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