« Je ne travaillerai plus avec des cinéastes établis, mais seulement avec de nouveaux artistes débutants. La seule avec qui je pourrai à nouveau travailler est Céline Sciamma parce que notre relation va au-delà du professionnel, mais il faudra que cela soit dans un autre système économique. Et il ne s’agit pas de choisir par rapport au sujet, au thème. C’est une question de redéfinir une réalité, de questionner notre perception(…).«
Actuellement à Milan pour une pièce de théâtre, Adèle Haenel s’est confiée au journal Il Manifesto. Affirmant des positions déjà tenues dans l’entretien qu’elle a donné à Mediapart en 2019. Fatiguée d’un système qu’elle fatigue de combattre par les mots, l’actrice décide de ne plus y contribuer, ou en tous cas le moins possible. « La majorité de mon énergie est désormais consacrée à écouter et aider les victimes d’abus », explique-t-elle.
Adèle Haenel n’a d’ailleurs aucun tournage de prévu sur les mois et années à venir. Malgré les annonces, elle ne comptera pas dans la distribution du prochain film de Bruno Dumont, L’empire, où elle devait donner la réplique à Lily-Rose Depp, Camille Cottin et Fabrice Luchini. Heureuse de sa collaboration au théâtre avec Gisèle Vienne, la comédienne entend poursuivre leur travail commun.
« (…) dans l’industrie du cinéma, telle qu’elle est aujourd’hui, il n’y a pas d’espoir. On le voit avec la façon dont les femmes sont considérées. Ils en utilisent une ou deux pour cacher la nudité d’un système oppressif. Il y a juste à regarder la sélection de Cannes. Ils disent qu’ils luttent contre le sexisme, mais en réalité, rien n’a changé. Ceux au pouvoir continuent à nous oppresser. On récompense toujours les violeurs et ils veulent que je me taise ? Jamais. »